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TARTINES

Tout commença un mercredi 22 juin, un jour ordinaire, monotone. Monsieur Marcel Lancet se leva, comme d’habitude, a six heures et demi, et descendit prendre son petit déjeuner. Sa femme était déjà debout, et faisait griller des tartines. Il s’assit, et attendit d’être servi. Monsieur Lancet regarda dehors. Le ciel était bleu, il n’y avait aucune trace de nuage. Il sourit.

Madame Lancet arriva avec les tartines. Monsieur les dévora, les unes après les autres. Mais à peine avait-il finit une tranche de pain, une autre apparaissait dans son assiette. Il en mangea une autre, puis une autre, puis encore une autre, puis une quatrième, puis une cinquième, mais son assiette ne se vidait jamais.

La bouche encore pleine, il interpella sa femme : « Chérie, dit-il. Ou as-tu acheté ce pain ?

-A la boulangerie habituelle, lui répondit Madame. Pourquoi, il n’est pas bon ?

-Non, rien. » murmura Monsieur Lancet, songeur.

Il sortit « prendre l’air » et se dirigea directement vers la boulangerie. Mais elle n’était plus là. A sa place se trouvait un petit immeuble carré, en béton gris. Il n’y avait aucune évidence de travaux. Il regarda autour de lui, mais personne ne semblait voir la différence.

Marcel entra dans le bâtiment. Il se retrouva dans une immense pièce, de la taille d’une cathédrale, le plafond une dizaine de mètres au-dessus de sa tête, complètement vide.

« Vous désirez ? » demanda quelqu’un derrière lui.

Marcel se retourna subitement



et vit que personne n’était là. Saisi par la peur, il se plaqua le dos contre un mur et inspecta ses alentours. Les murs étaient blancs, le sol était blanc, le plafond était blanc. Il n’y avait aucune fenêtre.

Peu à peu, sa peur se transforma en terreur.

« Qui est là ? sa voix hésitante résonna dans la grande pièce.

-Vous ne me voyez pas, monsieur ? répondit encore la voix mystérieuse.

-Non, dit Marcel. Ou êtes-vous ? S’il vous plait, montrez-vous ! »

A ce moment-là, il reçut un coup violent sur la tête et s’écroula.

Il se réveilla dans un lieu entièrement diffèrent. Tout autour de lui, d’énormes machines crachaient de la fumée épaisse dans de longs tuyaux. Des tapis roulants transportaient des centaines de tranches de pain alignées les unes à côté des autres. Marcel s’approcha et reconnut l’étrange pain de son petit-déjeuner. Les tranches sortaient d’une grosse machine, recouverte de tuyaux et de fils, et s’acheminaient vers le fond de la pièce. A ce moment précis, Marcel ne voulait qu’une chose : sortir de cette usine, rentrer chez lui et ne plus jamais manger de tartine de sa vie. Il se hissa sur l’un des tapis roulants et se laissa transporter à la recherche d’une issue. Allonge sur le ventre, il s’agrippa au caoutchouc du tapis, et retint son souffle…

Tout à coup, il fut propulsé dans le vide. Des centaines de tranches de pain volaient autour de lui. Il tomba, pendant ce qui semblait être des heures, trop terrifié pour crier, trop terrifié pour ouvrir les yeux.

Malgré la chute, l’atterrissage fut doux. Il prit quelques secondes avant de réaliser qu’il ne tombait plus, puis ouvrit les yeux. Il était emprisonné dans une matière moelleuse. Il essaya de s’agiter, mais la mie l’en empêcha. En se retournant, il vit le gigantesque visage de sa femme.

Madame Lancet attrapa la tranche de pain dans laquelle se trouvait son mari, la couvrit de beurre, y ajouta une bonne dose de confiture de fraise, et la dégusta avec délectation.

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